SANTÉ MENTALE EN MILIEU DE TRAVAIL

L’IMPORTANCE D’AVOIR DES POLITIQUES ET DES PROGRAMMES

La santé mentale dans le monde du travail va mal ! Les problèmes de santé psychologiques sont en effet de plus en plus fréquents. Les entreprises canadiennes ont donc tout intérêt à prendre des mesures pour les éliminer ou les limiter.

C’est aujourd’hui prouvé : le milieu de travail peut affecter la santé mentale ! Compte tenu de la proportion importante de temps qu’y passe la majorité des adultes, le milieu de travail peut en effet avoir un impact important – positif comme négatif — sur la santé mentale des employés. « D’une part, il peut être une source de plaisir et de bien-être psychologique ; d’autre part, il peut être source de stress et de problèmes de santé mentale », affirme le Dr Mario Messier, directeur scientifique de Groupe entreprises en santé, un organisme sans but lucratif qui soutient les entreprises dans l’intégration des meilleures pratiques de la santé globale au travail (physique et psychologique) afin de favoriser la santé des individus et la compétitivité des entreprises. Malheureusement, on observe depuis quelques années une augmentation considérable des problèmes de santé mentale au travail. Bien que le travail ne soit pas la seule cause des problèmes de santé mentale, il en est devenu une source importante en raison de sa place privilégiée dans la vie des individus. « On peut expliquer cette augmentation de bien des façons, mais les exigences du travail qui sont de plus en plus importantes sont souvent la cause principale », assure le Dr Messier. Parmi les autres causes, on peut mentionner la faible reconnaissance, les relations tendues en milieu de travail, le manque de participation aux décisions et une circulation déficiente de l’information.

DES CONSÉQUENCES IMPORTANTES

Les répercussions de la maladie mentale en milieu de travail sont énormes. « En plus des conséquences sur l’individu, les troubles mentaux au travail ont un impact négatif sur les entreprises, que ce soit en terme d’absentéisme, de présentéisme, de baisse de productivité et de taux de roulement du personnel », explique le Dr Messier. La maladie mentale représente près de 30 % des prestations d’assurance invalidité et 70 % des frais totaux associés à l’invalidité. D’après la Commission de la santé mentale du Canada, les problèmes de santé mentale coûtent à l’économie canadienne la somme stupéfiante de 51 milliards de dollars par année, dont 20 milliards de dollars attribuables aux seules pertes dans le milieu de travail. « Pour toutes ces raisons, les entreprises canadiennes doivent accorder aux problèmes de santé mentale autant d’importance qu’aux problèmes de santé physique », soutient le Dr Messier. Celles-ci doivent entre autres accepter leur part de responsabilité à l’égard de la santé mentale au travail et faire en sorte d’offrir un milieu de travail psychologiquement sain et sécuritaire pour leurs employés. « Des taux de roulement et d’absentéisme élevés sont des signes que l’environnement de travail n’est pas idéal pour la santé psychologique des employés », raconte le Dr Messier.

LA PRÉVENTION : AVANT TOUT !

« Il est toutefois possible de réduire les problèmes de santé mentale au travail, ainsi que les coûts qui y sont associés, en mettant en place des politiques et des programmes efficaces et appropriés », indique le Dr Messier. Par exemple, les entreprises peuvent prévenir les problèmes de santé mentale reliés au travail en mettant en place des politiques qui favorisent un milieu de travail psychologiquement sain et sécuritaire telles que l’élaboration d’une politique de prévention du harcèlement et de l’intimidation ou l’adoption d’une politique de conciliation travail-famille. Une autre mesure peut consister à mettre à la disposition des employés un Programme d’aide aux employés (PAE) ou un Programme d’aide aux employés et à leur famille (PAEF). Ce type de programme donne entre autres accès à de l’information et à différentes formes d’aide telles que des rencontres individuelles ou de groupe. « Mettre en œuvre, en tout ou en partie, la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail est un autre type d’intervention possible », poursuit le Dr Messier. Cette norme nationale, qui a été élaborée en collaboration avec l’Association canadienne de normalisation (Groupe CSA) et le Bureau de normalisation du Québec sous l’égide de la Commission de la santé mentale du Canada, propose une série de mesures, d’outils et de ressources qui visent la promotion de la santé mentale des employés et la prévention des préjudices psychologiques susceptibles d’être causés par des facteurs liés au travail. « Dans tous les cas, si on veut améliorer la santé psychologique au travail, la mobilisation des employés et des gestionnaires est essentielle », souligne toutefois le Dr Messier. Pour intervenir efficacement, il est donc impératif de mettre en place des solutions tant au niveau organisationnel qu’individuel. « Il faut notamment former les gestionnaires », indique le Dr Messier. Il est en effet essentiel que les gestionnaires soient bien outillés pour aider les employés aux prises avec des problèmes de santé mentale. L’entreprise doit leur fournir les informations nécessaires pour qu’ils soient en mesure de reconnaître les signes avant-coureurs de la maladie mentale, atténuer les stigmates et diriger l’employé vers les ressources appropriées. Elle peut aussi encourager ses gestionnaires à suivre le cours Premiers soins en santé mentale offert par la Commission de la santé mentale du Canada. Cela dit, la formation des gestionnaires est aussi utile pour les personnes qui retournent au travail après une dépression, car celles-ci continuent souvent à éprouver des difficultés au travail. Un retour progressif au travail ou d’autres mesures d’accommodements peuvent, par exemple, faciliter leur réinsertion au travail.

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